Dortmunder et Parker orphelins!
Triste nouvelle pour débuter 2009 : Donald Westlake, l'écrivain, papa de l'ineffable John Dortmunder et de l'impitoyable Parker (sous le pseudonyme de Richard Stark) nous a brusquement quittés le 31 décembre 2008, suite à une crise cardiaque. Il avait 75 ans...
Je n'achète qu'un livre neuf par an : en général, c'est soit le dernier Ellroy, soit le dernier Ed Mac Bain, soit le nouveau Westlake. Et voici que ce dernier a rejoint son ami Mc Bain au paradis des auteurs de Polars.
Mais Westlake était bien plus qu'un simple auteur de polars.
Je l'avais découvert dans les années 90 au fond d'un carton de polars de la Série Noire, chiné au kilo, et la lecture des aventures burlesques du cambrioleur maladroit et poissard mais si attachant John Dortmunder et de ses amis Kelp ou Tiny m'ont sans doute alors sauvé d'une dépression imminente. Désormais, j'achetais tout ce que produisait Westlake: je découvris qu'il avait moult pseudonymes et qu'il avait connu le succès dans les années 60 avec son impitoyable et cynique gangster Parker, antithèse parfaite de Dortmunder, né plus tard d'une volonté de se « libérer » des carcans du polar pur et dur.
Je lisais aussi sa série écrite sous le nom de Tucker Coe (les enquêtes de Tobin, un ex-policier dépressif), ses autres œuvres plus iconoclastes (Ordo, Adios Shéaraze, Trop Humains...), bien avant que Westlake ne devienne à la mode, notamment avec la « réédition » de ses romans chez Rivages. Dans ces dernières années, Westlake ressuscita Parker avec grand bonheur, développa l'univers farfelu mais tellement réjouissant de Dortmunder et livra quelques grands romans, féroces satires sociales, d'une incroyable lucidité sur la société actuelle (Le Contrat, Le Couperet ou encore son diptyque sur la presse people bien plus décapant que n'importe quel reportage de « pseudos infiltrés »...)....
Il fut adapté adapté avec plus (John Boorman, Costa-Gavras, Peter Yates) ou moins (Michel Deville) de bonheur au cinéma, et j'ai même lieu de croire que la bande dessinée Le Tocard Gang doit beaucoup à la bande de Dortmunder.
Adios, Mister Westlake.
