Ce matin, Papa et Maman m'ont l'air très agités. Comme la fois où l'on est partis en vacances et qu'on était très en retard sur l'horaire. Sauf que ce matin, Maman me regarde fixement en se rongeant les ongles et que Papa, lui aussi, a l'air tout bizarre. Et puis, comme pour les vacances, on monte dans le break mais sans les bagages, Papa me met la ceinture de sécurité et me recommande de bien rester tranquille, que le trajet sera très court et Maman me dit qu'elle m'aime très fort, et là, je commence à m'inquiéter. Papa roule trop vite, j'ai la nausée, j'essaie de regarder le paysage mais Maman ne cesse de se retourner vers moi en me couvant du regard et j'ai encore plus mal au cœur. Je m'agite un peu sur le siège arrière et Papa me gronde mais sans conviction...
A côté de moi, Lucas pleure et me serre dans ses bras. Alors là, pour le coup, j'ai la pétoche !
Et puis, Papa se gare sur un grand parking avec plein de buissons autour. On descend tous, et, je ne sais pas pourquoi, je tremble de partout, j'ai super envie de faire pipi mais je me retiens et puis, on croise des gens qui sortent avec l'air vachement soulagé qui portent une cage agitée de violents soubresauts tet dedans y a un truc qui fait plein de bruits pas agréables et je vois des postillons qui sortent par la porte de la cage. J'ai très très envie de faire demi-tour mais Papa me regarde sévèrement, et, résigné, je le suis, sans conviction. On entre dans une grande pièce toute pleine de lumières avec des chaises et une jolie dame qui nous sourit. On s'assoit tous, Papa et Maman se précipitent sur des magazines posés sur une table : ils tournent les pages mais je vois bien qu'ils ne lisent pas vraiment. Je viens de comprendre que je suis chez le docteur, ça sent le médicament et toutes ces odeurs de pharmacie qui font si peur : serais-je malade? Papa et Maman m'auraient caché des choses? Et pourtant, hier encore, je jouais avec Lucas, le soleil brillait, tout allait si bien...
Et puis, voici qu'arrive un grand monsieur barbu avec une blouse : il me fait signe, Lucas se remet à pleurer, je ne veux pas y aller mais Papa tire sur ma laisse. On ne me laisse pas le choix et puis, je me retrouve sur une table, on me papouille, on me chatouille, c'est très agréable, je ne sens même pas la piqure du vaccin et le monsieur barbu est tout gentil avec moi, j'ai droit à des caresses et même une friandise. Je sors de la salle, tout content, tout fier : et quoi, c'est tout ? Franchement, Papa, Maman et le petit Lucas ont bien la chance d'avoir un petit chien aussi courageux que moi !